suite
Ce détail n'est pas important, mentionnera-t-il dans son journal de bord. En revanche, il y évoquera les tentatives répétées d'expériences. Cette activité lui permettait de passer son temps, en dehors de la reprise des travaux.
Avec les matériaux qu'il avait emmenés, il construisit un étage plongé dans l'océan, au-dessous de la plaque sur laquelle il mangeait, vivait, dormait ! Il procéda à des vérifications puis constata que l'eau ne viendrait jamais s'infiltrer dans cet étage. Il transféra ses biens en-dessous et put plus facilement continuer ses étranges expériences.
Il dormait toujours aussi mal, le souvenir de sa vie passée hantant ses songes. Un matin, il se réveilla. C'était la première fois qu'il avait dormi sans ouvrir l'oeil de la nuit, c'était la première qu'il fut stupéfié de cette manière.
Les draps de son lit ne correspondaient pas à ceux dans lesquels il s'était enformi la veille, ni la cloison, ni le sol, ni la pièce qu'il aperçevait par la porte entrouverte. Il se leva, s'habilla. Ses habits étaient différents, comme plus modernes, de même que la cuisine, le laboratoire, le bureau, la salle de bain, le « jardin ». Il découvrit ces pièces nouvelles, réparties dans ces étages, au nombre de trois, et nouveaux. Grimpant par des marches au salon, il observa les aliments, qui avaient évolué. Un mystérieux appareil appelé « télévision » complétait l'ensemble.
Une nouvelle bibliothèque et des tableaux, visiblement récents, ornaient l'étage central.
Tout avait changé. Pierre comprit qu'il avait changé d'époque, Pierre comprit qu'il avait inventé la machine à avancer le temps...
D'un côté, un élément le terrorisait, de l'autre le motivait. S'il avait pu avancer le temps, il pourrait sans doute le remonter. Son objectif visait maintenant cette direction car il pourrait inverser l'ordre des choses, c'est-à-dire annuler son départ à Paris. Il retrouverait sa famille et, ensemble, fuiraient avant l'arrivée des ennemis soucieux de les capturer. Retrouver les siens, c'était l'unique voeux de Pierre.
Hélas, il fallait faire vite. Il se situait à peu près dans l'océan dit « Pacifique »... et, l'ayant lu dans ses nouveaux livres issus de sa nouvelle bibliothèque, il se trouvait aux environs de la moitié du vingtième siècle, pendant une guerre mondiale sans pitié...